L'information se transforme. Les nouveaux moyens de communication et en particulier Internet sont en train de changer notre rapport aux nouvelles. Et le métier de journaliste va probablement devoir évoluer pour survivre. En tout cas les rapports de force évoluent. Julien Doré ou Barack Obama peuvent en témoigner.
Le passé c'était, si je caricature, le journaliste tout puissant qui était le lien à l'information et qui petit à petit s'est transformé en juge de l'information avec parfois une position supérieure. Tant d'animateur plus vedette que leurs invités... et puis l'obligation des résultats, une dérive vers l'évènementiel, le sensationnalisme. Il faut présenter les choses pour que ça choque, que ça marque les esprits.
Mais voilà le monde s'accélère et le journaliste courre derrière l'information. Plus ça va et plus je réalise qu'à défaut de la faire ils la subissent et suivent tant bien que mal. Entre temps un contre pouvoir est venu s'immiscer dans ces rouages, un nouveau média participatif : internet. Je suis comme beaucoup et maintenant quand une information m'intéresse je fais mes recherches via l'ordinateur connecté. C'est à disposition et ça me permet de comparer plus facilement.
Alors j'entends les réactions : sur internet les informations ne sont pas fiables. Ok mais ça ne veut pas dire qu'elles l'étaient avant via les médias habituels. J'ai toujours remarqué quand j'étais au centre d'un évènement la différence flagrante entre son traitement journalistique et ce que j'avais vécu. Ca va même au delà. Avec les nombreuses chaines de télévision à notre disposition maintenant il est possible de comparer le traitement des informations internationales dans différents pays et c'est toujours très intéressant de procéder à cette comparaison. Internet est juste venu augmenter le flot d'information disponible et proposer des traitements différents. Je prends du recul et d'une certaine manière c'est presque mieux de se méfier naturellement des informations présentes sur la toile. On n'avait peut être pas assez pris l'habitude de le faire par rapport aux informations disponibles par ailleurs.
Du coup le rapport de force évolue avec ce pouvoir amoindri du journaliste classique. Une évolution évidente à observer car il n'y a plus de "monopole de l'information" duquel se méfier. Les journalistes ont toujours été utilisés ou manipulés, mais c'est maintenant particulièrement efficace et répandu. Et puis il y a cette crainte et cette défiance dont on peut maintenant s'affranchir ou de défendre. Les gens sont conscients du pouvoir de l'information et ont pris l'habitude de la gérer. Ainsi en France je pourrais citer Julien Doré ou d'autres qui contrôlent parfaitement ce qui doit filtrer et l'image qui est donnée d'eux. Ils jouent des informations selon leurs besoins. Mais le meilleur exemple de ce glissement reste Barack Obama et son rapport aux journalistes. Au lieu d'en être la victime et de voir ses propos condensés ou déformés il s'adresse directement aux citoyens via internet. C'est plus rapide, permet un plus grand contrôle et surtout de faire réellement passer le message qu'on souhaite. Les journalistes se contentent de suivre probablement en protestant, mais otage de l'information trop importante pour être ignorée même s'ils n'en sont plus les dépositaires.
En conclusion le rapport de force n'est plus le même et ça ne risque pas de s'inverser. Le journaliste tout puissant qui peut se permettre de juger, d'exclure, de choisir n'a probablement plus un si grand avenir. Mais pour autant il ne faut pas souhaiter que le journaliste nouveau de type suiveur perpétuel le remplace. Comme pour tout c'est d'une évolution dont on a besoin. Que le journaliste reprenne une place de pont vers l'information, que ce soit une personne qui détecte et mette en valeur. Ca reste mon analyse et mon souhait. A voir maintenant la direction qui sera prise.