Rien que la semaine dernière j'ai eu deux demandes de "baby coach", des personnes qui se destinent au métier de coach et me contactent pour prendre des informations. Je me sens flattée par cette reconnaissance, mais je voudrais ici donner une vision plus réelle de ce qu'est le véritable business du coaching pour répondre à ces demandes qui deviennent de plus en plus nombreuses.
Comment analyser cette profusion de coachs ?
Depuis 2/3 ans, le coaching est à la mode. Et le terme est utilisé pour tout et n'importe quoi. Chaque consultant fait du "coaching", la différence avec le conseil n'est plus très claire, mais le mot est à la mode. Et le concept séduit beaucoup. L'idée d'accompagner des manager, de résoudre les grands problèmes de leur vie et de leur fonction attire. Simplement n'est pas coach qui veut. Pour moi c'est un véritable travail d'écoute et d'adaptation à l'autre pour lui apporter ce dont il a besoin, pour l'aider à trouver ses solutions et passer à l'action.
Et pour l'instant le marché en est à ses débuts. Il faut convaincre par le bouche à oreille et par son professionnalisme car en France il n'y a pas une grande tradition de l'accompagnement contrairement au Canada par exemple.
Du coup on arrive à une situation ubuesque où on trouve plus de coachs sur le marché que de clients pour le coaching ! Tout le monde veut être coach. Et pour beaucoup c'est plus un besoin de se soigner soi-même par l'intermédiaire des autres, qu'une passion pour l'écoute et l'autre. Le syndrome du malade qui veut devenir médecin.
Mais le réveil est douloureux après quelques mois quand le baby coach comprend que les 5000€ de salaire rêvés s'éloignent et réalise la difficulté du métier. C'est souvent l'occasion de se lancer, de dépenser beaucoup d'argent, et de se retrouver sur la paille à chercher un poste dans les 6 à 12 mois qui suivent. Rares sont ceux qui font ce métier plus de 2 ou 3 ans. Souvent ils auront simplement eu la possibilité de "coacher" quelques amis et de proclamer leur nouveau statut.
Mais cette constatation mène à une autre. Le véritable business du coaching ! Car pour les coachs en mal de clients qui ont probablement autant de demandes que moi émanant d'apprentis coach, la tentation est forte de profiter de cet engouement pour monter une école de coaching. C'est la façon la plus simple pour un coach de travailler et gagner sa vie : faire croire à d'autres que c'est facile, que ça va changer leur existence et qu'ils vont pouvoir en faire un métier. Le tout en facturant bien plus cher une formation au coaching qu'un simple accompagnement. Et on voit fleurir les écoles, plus ou moins sérieuses, avec des formations de 2 semaines à 1 an. Elles ont des stratégies marketing bien rodées et attirent sans mal ceux qui rêvent de reconversion dans cette forme de conseil.
Mais je tiens à les mettre en garde. Sur tous les baby coachs que j'ai pu rencontrer depuis 5 ans, seuls 2 ont réussi à s'installer à leur compte. Pour faire du coaching son métier, il faut que ce soit une réelle passion, une évidence après un long travail personnel et l'accumulation de nombreuses expériences. Comment croire que cette jeune secrétaire sortie de BTS avec 2 ans d'expérience pourra accompagner un chef d'entreprise ?
Il faut savoir que c'est aussi un sacerdoce. Le voir comme un moyen de devenir riche et de s'affirmer en disant aux autres comment être est une pure illusion. Les clients ne sont pas dupes et il faut être particulièrement bien positionné pour pouvoir donner sur le long ter me et faire avancer ceux qu'on accompagne.
Donc réfléchissez avant de vous lancer dans une formation au coaching. Le faire pour vous, par curiosité d'esprit, pour ajouter une corde à son arc de manager salarié peut être une bonne idée. Croire que vous pourrez gagner rapidement votre vie à la sortie est une pure illusion.
Attention : comme à l'époque des chercheurs d'or, seuls les vendeurs de pelles ont fait fortune !
Pensez-y avant de donner toutes vos économies à une école...